Il n’est pas coutume de classer hauts-fourneaux ou cheminées, même si ce fabuleux patrimoine industriel est aujourd’hui un haut …lieu de la culture !
Cette vieille aciérie de Völklingen, en Sarre, avec sa propre voie de chemin de fer a fermé ses portes en 1986 et fut inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1994 sous le nom de la Völklinger Hütte. C’est le premier site industriel classé !
Cet endroit grandiose accueille 4 expositions en permanence mais on y trouve aussi un centre scientifique le Ferrodrom et…un jardin potager. La visite se fait avec avec un ancien ouvrier sidérurgiste français, devenu guide qui rappelle dans quelles conditions travaillaient les ouvriers de l’époque. Les cheminées laissaient s’échapper une poussière rouge qui recouvrait en permanence toute la région.
L’édification de l’usine débute en 1873. Le centre devient rapidement un complexe industriel unique en Europe, assurant toutes les étapes de la production de fonte et d’acier. Au pic de production durant l’après guerre, l’usine emploie jusqu’à 17 000 ouvriers. En 1873, l’ingénieur en sidérurgie Julius Buch installe les premières machines afin de produire des poutres en fer et des traverses de chemin de fer à partir de minerai extrait des mines luxembourgeoises. L’activité de l’usine est stoppée en 1879.
Le site désaffecté est racheté par Carl Röchling deux ans plus tard et le premier haut fourneau est construit en 1883. À la fin du XIXe siècle, l’usine devient l’une des plus productives d’Europe et le premier centre de production de poutres d’Allemagne. Le centre est le premier au monde à appliquer la méthode de purification au gaz sec en mettant en place l’installation en 1911.
Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles accorde à la France la propriété des mines de charbon, comprenant notamment l’usine de Völklingen et place le territoire du Bassin de la Sarre sous le mandat de la Société des nations. Le plébiscite du 13 janvier 1935 en faveur du rattachement à l’Allemagne remporte une énorme majorité et l’usine redevient allemande.
Durant la Seconde Guerre mondiale environ 14 000 hommes et femmes, venant surtout de Russie, Pologne et Yougoslavie travaillent dans les forges et l’aciérie dans des conditions très dures. L’usine atteint son niveau de production maximum pendant le boom du bâtiment lors de l’après guerre.
À partir de 1975 la crise mondiale de l’acier se fait ressentir en Sarre. Le regroupement des usines sidérurgiques et métallurgiques de Völklingen et de Burbach n’arrête pas ce déclin. Des milliers de salariés perdent leur emploi et l’usine arrête sa production en 1986.
On peut encore y voir les halles de stockage (jusqu’à 12 000 tonnes de matières premières), les hauts-fourneaux (45 m de hauteur sur 250 m de longueur), la cokerie (la première unité date de 1897), la halle des soufflantes (6 machines de soufflement de gaz), l’atelier d’agglomération (les déchets issus de la production d’acier peuvent être ainsi recyclés dans les hauts fourneaux. Cette unité est devenue un modèle pour beaucoup d’installations dans toute l’Europe) et le château d’eau (construit en 1918 il est considéré comme la première construction en béton armé du continent européen et témoigne d’une architecture industrielle nouvelle).
C’est aussi le point de départ de la route européenne du patrimoine industriel.