L’architecture comme les vestiges industriels racontent l’histoire d’une ville…et c’est en se baladant le nez en l’air ou les yeux en mode périphérique, que l’on prend conscience de ses différentes mutations.
A San Francisco, des quartiers d’anciens entrepôts industriels retrouvent une seconde jeunesse mais préservent jalousement une certaine atmosphère sous forme de façades, lampes, plafonds, matériaux utilisés…
Les architectes d’aujourd’hui ont su intégrer certains éléments de l’époque dans leurs créations contemporaines. Ce qui donne un charme particulier à cette ville qui lors de la révolution industrielle, aux alentours de 1860, a utilisé toutes ses ressources naturelles pour s’embellir. Et c’est là qu’on s’aperçoit à quel point une architecture industrielle pouvait être soignée à l’époque !
La ville avait déjà pris son essor avec la ruée vers l’or de 1848-1849, accueillant les émigrants à la recherche du précieux minerai, on y arrivait par « la porte dorée » (Golden Gate). San Francisco fut d’ailleurs le terminus du premier chemin de fer transcontinental. On y trouve encore de nombreux vestiges…
En 1847, Levi-Strauss s’installe à San Francisco et crée les premiers jeans qui remportent un grand succès auprès des prospecteurs et des chercheurs d’or.
San Francisco compte 70 000 habitants dès 1862. La capitale de l’État se couvre de bâtiments superbes et de sociétés modernes pour l’époque. On les retrouve au milieu des gratte-ciels récents, ou en reflexion sur les magnifiques façades en verre ce qui donne, graphiquement, des perspectives étonnantes.
En 1906 la ville subit un tremblement de terre et une grande partie est détruite par un gigantesque incendie. Mais la ville fut rapidement reconstruite grâce à l’afflux d’une main d’oeuvre étrangère venue d’Europe et d’Asie.
En 1915, l’Exposition Internationale de San Francisco attire 19 millions de visiteurs, les travaux du Golden Gate débute en 1933. Dans le cadre de sa politique de grands travaux, Franklin Delano Roosevelt espère créer des emplois dans les travaux publics pour diminuer le chômage. Le développement des industries militaires sera à l’origine de la construction du port qui sera le point de départ des troupes pour les batailles du pacifique. Des milliers d’emplois directs et indirects en résulteront.
Comme nombre de vieux ports américains celui de San Francisco a été construit à base de pontons (piers) perpendiculaires à la côte. Le cargo était ensuite déchargé par grues et transporté manuellement vers des hangars construits sur les quais. C’est à travers ces pontons que transita le très important commerce du bois de la côte occidentale.
Dans les années 1960, les activités portuaires déclinent à cause de l’avènement de l’ère des conteneurs. Nombre de ses hangars devinrent obsolètes et restèrent à l’abandon jusqu’à leur récente (et réussie) reconversion en bureaux, centres commerciaux ou espaces d’exposition.
San Francisco devient le centre financier et bancaire principal de la côte pacifique. Dans la foulée plusieurs banques voient alors le jour telle que la banque d’Italie fondée par Amadéo Giannini qui deviendra plus tard la Bank of America.
L’architecture contemporaine, l’Art Déco, les influences européennes…tout un mélange qui font de San Francisco un régal pour les yeux.
A Alcatraz, c’est en 1853, sous la direction de Zealous Bates Tower, que le corps des ingénieurs de l’armée des Etats Unis commença à fortifier l’île. Les travaux durèrent jusqu’en décembre 1859 date à laquelle s’installa la première garnison du Camp Alcatraz. L’île fut entourée de hauts murs et une citadelle fut bâtie tout en haut près du phare : elle pouvait contenir 200 hommes en cas de siège. Les militaires firent venir de la terre et aménagèrent des jardins de style victorien à partir de 1865.
Puis Alcatraz devint une prison militaire (1909-1933) et une prison fédérale de haute sécurité (1934-1963). Aujourd’hui Alcatraz est reconverti en un site historique déclarée National Historic Landmark depuis 1986.
Dans un autre genre, et autre état, El Paso regorge de vestiges industriels qui témoignent de son dynamisme.
Durant la période de la République du Texas, la région appartenait à l’Etat mexicain de Chihuahua mais se joindra au Texas lors de l’entrée dans l’Union. Un poste de traite (comptoir colonial) nommé Franklin est fondé quelques années plus tard avant de devenir El Paso (du nom El Paso del Norte, désignant Juarez) en 1859.
Dès les années 1920, la ville devient le siège de Farah Clothing qui est dans les années 1970 l’un des plus gros producteurs de pantalons pour hommes, assurant la prospérité de la ville. Il est cependant affecté par une grève des ouvrières qui réclame, une hausse des salaires et le droit de se syndiquer. La firme tout d’abord refuse et après une menace de boycott cèdera en 1974.
De nombreux vestiges industriels et en particulier ferroviaires subsistent ainsi que des éléments très vintage de la vie quotidienne des années 50…