Derniers vestiges des bâtiments des Douanes à Paris

Après les magasins généraux à Pantin (bâtiments des douanes), la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris investit l’ensemble des bâtiments situés dans le 10e rues Yves Toudic, Dieu et L. Jouhaux.

Au bout de la rue Dieu, se trouve la passerelle des Douanes (aussi appelée passerelle du Temple et passerelle des Douanes-et-du-Temple), c’est la plus ancienne passerelle du canal Saint-Martin.

Les marches en béton ont remplacé le platelage de bois d’origine. Elle est soutenue par trois arcs constitués chacun de huit voussoirs en fonte ajourée, reliés longitudinalement par des barres filetées et maintenus transversalement par des tirants en diagonales. La passerelle est un pont en arc par-dessous en fonte construit en 1860.

L’histoire des douanes est intimement liée à la politique du pays. Le protectionnisme de l’époque lui assurant une place de premier plan dans l’appareil d’Etat.

Deux hommes la marquent de leur empreinte durant la période 1814-1860 : le comte Pierre de Saint-Cricq qui fait de l’Hôtel d’Uzès, siège de la direction générale, une sorte de ministère et Théodore Greterin, installé à l’Hôtel de Mont Thabor. L’un et l’autre exercent sur la définition de la politique douanière une influence certaine.

Pendant les directorats de Saint-Cricq et de Gréterin, prohibitions et droits prohibitifs assurent à l’agriculture et à l’industrie (métallurgie notamment) une protection que l’on veut sans faille.

Le fameux système de l’échelle mobile des blés, qui tend à privilégier les céréaliers français tout en prévenant la disette, est l’une des pièces maîtresses de cette politique.

La surveillance douanière se renforce durant cette période, non seulement dans le rayon des douanes (20km en deçà des frontières), mais aussi à l’intérieur du territoire. Corrélativement, les effectifs de la douane et ses moyens juridiques s’accroissent.

Comme sous la Ferme générale, la douane du XIXème siècle est solidement cloisonnée en deux services : les bureaux (service sédentaire) et les brigades (service actif). Ces dernières sont organisées militairement. Armés, souvent casernés, les douaniers portent l’uniforme et leurs conditions de travail sont dures.
Durant la Grande Guerre, l’Etat doit renforcer encore son contrôle sur les échanges internationaux.

La paix revenue, la Société des Nations va tenter de promouvoir le libre-échange. Mais la crise économique de 1929 vouera cet effort à l’échec.

Le retour en force du protectionnisme rend à la douane l’importance qu’elle avait en partie perdue.

C’est avec des effectifs à peu près constants, voire réduits, qu’elle doit appliquer des tarifs complexes, développer ses contrôles, s’adapter aux progrès technologiques, faire face à de nouvelles formes de fraude, consécutives à l’apparition de nouveaux modes de transport que sont l’automobile et l’avion.

La seconde guerre mondiale conduit la France à remettre en vigueur, sous la forme moderne du contingentement, le système des prohibitions abandonné en 1860 et à instituer le contrôle des changes.

Le développement spectaculaire et la diversification du commerce extérieur de la France, la complexité des réglementations à mettre en oeuvre, les aléas de la construction européenne conduisent la douane à adapter constamment son organisation, ses procédures et ses méthodes d’intervention.

A partir des années cinquante, les échanges se libèrent progressivement.

Ainsi, peu à peu, l’effacement progressif des frontières douanières se réalise. L’application des accords du GATT, la création des unions douanières notamment de la Communauté européenne, la mise en place des règles tarifaires plus favorables au profit des pays en voie de développement aboutissent à une réduction sensible, voire à une disparition, des droits et taxes à percevoir lors du franchissement des frontières.

La disparition des frontières fiscales en 1993 est l’aboutissement de cette évolution. Elle permet, depuis le 1er janvier 1993, la libre circulation des personnes, des marchandises, des capitaux et des services à l’intérieur de la Communauté européenne. La douane continue à assurer ses missions dans ce nouvel environnement avec des méthodes d’intervention et un dispositif adaptés.

D’où la disparition et/ou réhabilitation de ces bâtiments immenses qui sont une véritable page de notre histoire politico-économique.

Ces quelques photos sont les vestiges d’un temps aujourd’hui révolu.