L’architecture même de ce musée est magnifique puisqu’il occupe un bâtiment anciennement destiné à la Préfecture et qui a été entièrement réhabilité par le cabinet J.M Wilmotte.
Au début du XIXe siècle St Etienne était le cœur du plus important bassin industriel de France. Ses 2 activités mères, les armes et le ruban dont l’essor remonte au XVIe siècle façonnaient le visage de la ville.
Le développement de l’industrie métallurgique est dû à la présence de la houille et au réseau hydrographique. Ainsi la « clincaillerie » (chaudronniers, couteliers, cloutiers serruriers…) va s’affirmer au fil des siècles diffusant ses produits dans toute la France.
« Les stéphanois ont fini par accepter leur passé qui a été douloureux et souvent maltraité. St Etienne a été décriée parce que c’était une ville industrielle. Mais beaucoup de visiteurs sont maintenant sensibles au patrimoine industriel, aux valeurs qu’incarnent les objets industriels, celles du travail bien fait, de l’amour pour son métier. On a beaucoup démoli parce qu’on avait honte, cela faisait du bruit, de la fumée c’était polluant….mais depuis 15 ans on s’efforce de conserver certains édifices, des ateliers de passementiers, des ateliers d’armuriers… » (extraits d’entretien avec Michel Thiollière maire de St Etienne pour Pascale Bertrand)
La passementerie est l’autre grande industrie traditionnelle de St Etienne. Avec l’apparition du métier « à la zurichoise » qui tisse 24 pièces simultanément, la rubanerie stéphanoise s’impose sur le marché. Et pendant la guerre elle va participer à la confection de tissus, sangles, lacets, et rubans des médailles….
Enfin, en 1886 la première bicyclette française est fabriquée à St Etienne acte fondateur d’une industrie qui sera connue plus tard pour ses produits Manufrance, Ravat ou Automoto.
L’exposition « Bénéfices de guerre, guère de bénéfices ? » au titre quelque peu provocateur…illustre bien la contribution de l’ensemble de ces industries à l’effort de guerre 14-18
La société et l’économie toute entière se mettent alors au service de la guerre et en particulier les femmes. En 1911 près de 8 millions travaillent dans les secteurs du textile et de l’alimentaire mais lors de la mobilisation, la main d’œuvre manque et les femmes vont être recrutées dans des domaines habituellement réservés aux hommes comme la métallurgie et l’armurerie. Des fortunes de guerre se constituent et les entreprises devront rendre compte, la paix revenue, de ces bénéfices exceptionnels…
L’exposition révèle l’engagement et l’importance de l’industrie stéphanoise pendant le premier conflit mondial tout en s’interrogeant sur la complexité des bénéfices engendrés qu’ils soient économiques sociaux ou culturels.
Le Musée d’Art et d’Industrie de St Etienne a pour mission de valoriser le patrimoine industriel au travers de ses 4000 armes de chasse et de guerre (2ème collection publique en France), les rubans (1ère collection mondiale), les cycles (1ère collection publique française).
L’exposition « Bénéfices de guerre, guère de bénéfices ? » se déroule du 9 octobre 2015 au 14 mars 2016. Des témoignages, des vidéos, des outils racontent en détail la vie de 9 personnages durant ces 4 années de guerre.
Les expositions permanentes sur les armes, les cycles et la rubanerie sont d’une grande richesse et parfaitement mises en valeur.
Ne pas manquer la démonstration, par d’anciens tisseurs, du fonctionnement des métiers à tisser entretenus avec amour et passion, dans un arc-en-ciel de couleurs !
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